Nadirs. Étourdissant stupéfiant, pour sortir du jeu de l’admiration, on part chercher d’autres sons pour parler de la fulgurance de l’écriture de Tom Buron : Evan Parker dans Monoceros, nous semble répondre à la vibration des sons, à la respiration circulaire, à ce souffle tenu, tout au long de cette matière en fusion qu’est l’écriture de Tom Buron. Tom Buron orchestre un chaos accompagné de Marlowe, Dante, Artaud, Joyce, Kerouac et bien d’autres croisés au café de la Gare : Le vin l’incendie & le rythme, en boucles, l’idée étant de toujours prolonger le son, de continuer à souffler respirer nous entraîner dans des scènes de rue des visions des illuminations, les corps instrumentent le rythme, fusion continue de la langue de Tom Buron, une langue à faire la guerre : fais – toi la guerre …fais – toi la guerre …fais-toi la Guerre, faire la Guerre pour lever le « poème-vie ».
On peut lire « Timbales téléphoniques », « Nostaljukebox », « Le blues du 21è siècle », les trois textes de Nadirs d’une traite, Tom Buron architecte virtuose joue à chaque fois de son langage, de ses formes plurielles,
minimale :
Allons déclencher la guerre, …
surréaliste :
Le matin nous trouve caustiques et rares
les peaux peintes de tractions stellaires
à irriguer nos chapelles en les trains
Ma part suprême : le vin l’incendie & le rythme
en apnée :
quand je suis pâle et bouffi en attente puis en crise quand je suis affamé sur le bitume à murmurer en gigotant quand je suis rouge sang noir électrique quand je suis clean en haut de la plaine à régler mon karma comme un micro-onde qui se traîne depuis des secondes et des milliers de secondes grillées sur un le feu comme des épis de maïs foutez mes ossements dans un train même après le trépas il sera bien trop douloureux de s’arrêter mais versez-nous à boire car la route est un reptile et l’on a oublié de nous apprendre comment dire adieu
Nadirs. On espère pouvoir l’écouter dans la voix même de Tom Buron, sa ville sera la nôtre.
Tom Buron, Nadirs, MaelstrÖm, 2019
Ana Nb